de BRIROY Nicolas
Evêque de Coutances
° vers 1526 Fierville
† 22.03.1620 Coutances
A la mort d’Artur de COSSÉ, Henri III donna à Jacques de MATIGNON, en récompense de ses services, la provision, sa vie durant, de l’évêché de Coutances ; en conséquence, le 21 décembre 1587, il en pourvut un de ses fils, du nom de Lancelot, seigneur de Lonray, qui était abbé de Cherbourg.
Ce jeune prélat, d’une éminente piété, voulut faire un pèlerinage à Rome, aux tombeaux des bienheureux Apôtres, et recevoir l’onction des mains du souverain pontife, mais la mort l’arrêta dès les premiers pas de son pèlerinage ; il cessa de vivre, le 1er janvier 1588. N’ayant pas été sacré, nous ne le compterons pas au nombre de nos évêques.
Après la mort de Lancelot, le roi envoya à son infortuné père, et par forme de consolation, un brevet en blanc, pour une nouvelle nomination. Le maréchal se retint une grosse pension sur les revenus de l’évêché, et nomma le grand-vicaire Nicolas de BRIROY, le 29 octobre de la même année. Nous pensons que la nomination ne fut différée si longtemps qu’à cause des arrangements qu’il dut prendre, avant tout avec les candidats, relativement à la pension, et à la ville de Saint-Lô, dont il craignait de perdre la possession. Du moins, Nicolas fut soupçonné d’avoir transigé sur ce point.
L’expédition des bulles souffrit d’un retard de dis années, parce qu’Henri III vint à mourir sur ces entrefaites, et Henri IV, son successeur, n’était pas agréable à la cour de Rome.
Pendant cet intervalle, Nicolas gouverna le diocèse en qualité de vicaire capitulaire ; et Philippe TROUSSEY fit les fonctions d’ordre, en qualité de suffragant. Ce chorévèque mourut en 1590, le 24 mai, il est inhumé à Blanchelande. Enfin, Nicolas II reçut ses bulles en 1597.
Nicolas de BRIROY naquit probablement à Fierville, qui était la résidence de sa famille. Il fut nommé curé de Fierville en 1540, à l’âge de 14 ans, chanoine de Coutances en 1570, vicaire-général et archidiacre du Bauptois en 1575, et enfin évêque le 29 octobre 1588.
Il parut avec éclat aux états de Blois, de 1576, Henri III y discerna si bien son mérite, ou voulut tellement récompenser ses bons offices, qu’il lui accorda la collation de tous les bénéfices du diocèse tombés en régale. On le trouve encore sur les actes de deux assembles de Paris et de Rouen, et aux états de Melun, en 1580. Il y porta le cahier de doléances de l’évêché de Coutances, qui présentait un effectif de douze mille quatre-vingt-deux personnes tuées par suite de contestations religieuses, savoir : onze prêtres, seize religieux, cent vingt-huit gentilshommes catholiques, cent soixante-deux gentilshommes protestants, cinq mille quatre cents soldats catholiques, et six mille deux cents soldats calvinistes, cent soixante-cinq personnes de tout rang mises à mort par voie de justice. Le nombre des maisons détruites, incendiées ou saccagés, n’y est pas compris, leur état n’ayant pu être dressé.
Au nombre des morts, il faut compter les personnes massacrées à la Saint Barthélémi ; mais il est nécessairement exigu, car le généreux MATIGNON, qui savait si bien combattre et vaincre les huguenots, ne savait pas les surprendre désarmés pour les assassiner ; au contraire, il avait refusé de faire exécuter les ordres cruels de la cour ; et pour mieux soustraire les victimes à leurs ennemis, il leur avait offert l’asile de sa maison et de ses citadelles.
Le livre intitulé le Secret des finances de France, par Fromenteau, imprimé à la suite de ces mêmes états, et qui contient aussi ces détails, y ajoute que sous le règne de Charles IX, le clergé du diocèse de Coutances avait payé à l’état la somme de quatorze cent mille livres, pour décimes ordinaires et extraordinaires, et au pape, une somme égale, pour les annates ; tandis que pendant le règne de louis XI, tout en versant la même somme dans les coffres de la cour de Rome, il n’avait été taxé par le gouvernement qu’à trois mille livres, et n’avait payé que neuf mille livres de droits pour francs-fiefs et nouveaux acquêts. Sous Louis XI, son revenu été de soixante-douze mille livres : en 1580, il ne s’élevait
encore qu’à cent quatorze mille, toutes charges déduites. On comptait dans le diocèse trois-cent dix-neuf paroisses et cinquante-trois mille familles.
Les villes du diocèse avaient suivi dans les guerres de la Ligue des partis divers, mais elles avaient toutes éprouvé le même sort : c'est-à-dire des assauts, des prises, des pillages et des reprises.
Henri IV était venu lui-même appuyer son parti, et avait pris part à différentes affaires ; mais ce bon béarnais n’avait pu empêcher la ruine des villes et la dévastation des campagnes.
Enfin, à la suite de ce long enchainement de guerres et de désastres, la misère devint profonde ; et la profonde misère fit naitre une épidémie qui, en 1592, moissonna une notable partie des populations.
Non moins ami de Nicolas que son prédécesseur, Henri IV le confirma dans la jouissance des privilèges qu’il en avait obtenus, et même il y en ajouta de nouveaux : ainsi, par lettre du 15 mais 1590, il lui donna des bénéfices confisqués sur plusieurs chanoines de la Sainte-Chapelle, et lui fit remise des droits de joyeux avènement. Enfin, il l’envoya en possession des revenus de l’évêché en attendant l’expédition de ses bulles.
Le 7 septembre 1597, Nicolas II fut sacré à Paris, dans l’église St Germain-des-Près, par les évêques d’Amiens, de Digne et de Beauvais. Il prit possession de son siège au mois de décembre suivant. Dans son humilité, il voulut se soustraire à la réception solennelle et entra secrètement à Coutances ; la même humilité le porta à choisir pour l’intitulé de ses mandements la simple formule d’évêque par permission divine.
Avant de passer outre, nous remarquerons deux événements qui signalèrent son administration comme vicaire général : le premier fut l’abolition du Jeu de la Nativité, en 1592, à cause de la peste qui désolait la cité : cette peste ne fut que l’occasion de la suppression d’un abus dont la religion et la raison réclamaient depuis longtemps l’abolition. Il fonda son ordonnance sur ce considérant, qu’il n’était pas convenable que l’église, qui retentissait si souvent des lugubres chants de la mort, les interrompit, pour les remplacer par quelques jours de divertissements. Le second fut l’édification de la chapelle de la Roquelle, dont il posa la première pierre le 12 juin 1593. Cet édifice fut élevé par les soins et sous la direction de frère François HELYE, curé de Saint Pierre de Coutances.
La ville manifesta un grand enthousiasme pour cette construction, et aida avec ardeur à l’élever : le lieu était depuis longtemps cher à la piété des fidèles.
Devenu évêque, le pasteur vigilant fut perpétuellement occupé à parcourir son diocèse, pour corriger les abus, veiller aux mœurs et à la foi, combattre l’hérésie, donner le sacrement de confirmation, dont les grâces ne furent jamais plus nécessaires que dans ces temps de tentations.
François DESRUES, historien contemporain, nous apprend que le bon évêque conféra ce sacrement à plus de trois cent mille personnes.
Le 29 juin 1617, il posa la première pierre du couvent des Capucins de Coutances, fondé l’année précédente par les sieurs HELLOIN et AIREL, l’un, receveur des tailles ; et l’autre, archidiacre, sur un terrain donné par le chapitre. En 1619, il vit s’élever le couvent des bénédictins du mesnil-Garnier, fondé par Thomas MORAND, baron du lieu.
Dans sa sollicitude pour la pureté de la foi et la science de son clergé, cet évêque soumit les ordinants et les confesseurs à l’examen de quatre docteurs, nommés à cet effet. Il fit retoucher le bréviaire du diocèse et les livres d’église. Dans sa piété, il attacha quarante jours d’indulgence à la récitation des psaumes graduels.
Deux rois avaient comblé de biens Nicolas II de BRIROY ; mais sans pouvoir l’enrichir, car il écoulait tout dans le sein des pauvres. Sa grande charité fit l’admiration de ceux qui le connurent, et mit l’éloge dans la bouche de tous ceux qui parlèrent de lui. Après une longue vie et un long épiscopat, il ne laissa en mourant que dix-neuf sous, et la vente de tous son mobilier ne suffit pas aux frais de ses funérailles.
Il finit sa vie, pleine de jours et de bonnes œuvres, le 22 mars 1620, dans la 94ème année de son âge, dont 23 en qualité de premier pasteur.
Sa dépouille mortelle fut inhumée dans le chœur de la cathédrale. Adrien de BRIROY, son neveu et son archidiacre, lui fit ériger, l’année suivante, un monument de marbre blanc, avec une longue épitaphe.
A la nouvelle de la mort de Nicolas II de BRIROY, le Souverain Pontife prononça son éloge en plein consistoire, et célébra pour lui un service, avec la solennité réservée pour les rois et les princes de l’église.
Pendant son épiscopat, la fureur des guerres entre les catholiques et les protestants était amortie ; il n’y avait plus que le célèbre François FEUARDENT, Jean-Marie LECRIVAIN, RECOLET, d’une part ; et de l’autre, BASNAGE et Hubin de la BASTIE, ministres protestants, et quelques autres, qui la fissent, du bec effilé de leur plume, quelque peu impolie.
Nicolas II de BRIROY portait pour armes, de sinople au chevron d’or.
Ce jeune prélat, d’une éminente piété, voulut faire un pèlerinage à Rome, aux tombeaux des bienheureux Apôtres, et recevoir l’onction des mains du souverain pontife, mais la mort l’arrêta dès les premiers pas de son pèlerinage ; il cessa de vivre, le 1er janvier 1588. N’ayant pas été sacré, nous ne le compterons pas au nombre de nos évêques.
Après la mort de Lancelot, le roi envoya à son infortuné père, et par forme de consolation, un brevet en blanc, pour une nouvelle nomination. Le maréchal se retint une grosse pension sur les revenus de l’évêché, et nomma le grand-vicaire Nicolas de BRIROY, le 29 octobre de la même année. Nous pensons que la nomination ne fut différée si longtemps qu’à cause des arrangements qu’il dut prendre, avant tout avec les candidats, relativement à la pension, et à la ville de Saint-Lô, dont il craignait de perdre la possession. Du moins, Nicolas fut soupçonné d’avoir transigé sur ce point.
L’expédition des bulles souffrit d’un retard de dis années, parce qu’Henri III vint à mourir sur ces entrefaites, et Henri IV, son successeur, n’était pas agréable à la cour de Rome.
Pendant cet intervalle, Nicolas gouverna le diocèse en qualité de vicaire capitulaire ; et Philippe TROUSSEY fit les fonctions d’ordre, en qualité de suffragant. Ce chorévèque mourut en 1590, le 24 mai, il est inhumé à Blanchelande. Enfin, Nicolas II reçut ses bulles en 1597.
Nicolas de BRIROY naquit probablement à Fierville, qui était la résidence de sa famille. Il fut nommé curé de Fierville en 1540, à l’âge de 14 ans, chanoine de Coutances en 1570, vicaire-général et archidiacre du Bauptois en 1575, et enfin évêque le 29 octobre 1588.
Il parut avec éclat aux états de Blois, de 1576, Henri III y discerna si bien son mérite, ou voulut tellement récompenser ses bons offices, qu’il lui accorda la collation de tous les bénéfices du diocèse tombés en régale. On le trouve encore sur les actes de deux assembles de Paris et de Rouen, et aux états de Melun, en 1580. Il y porta le cahier de doléances de l’évêché de Coutances, qui présentait un effectif de douze mille quatre-vingt-deux personnes tuées par suite de contestations religieuses, savoir : onze prêtres, seize religieux, cent vingt-huit gentilshommes catholiques, cent soixante-deux gentilshommes protestants, cinq mille quatre cents soldats catholiques, et six mille deux cents soldats calvinistes, cent soixante-cinq personnes de tout rang mises à mort par voie de justice. Le nombre des maisons détruites, incendiées ou saccagés, n’y est pas compris, leur état n’ayant pu être dressé.
Au nombre des morts, il faut compter les personnes massacrées à la Saint Barthélémi ; mais il est nécessairement exigu, car le généreux MATIGNON, qui savait si bien combattre et vaincre les huguenots, ne savait pas les surprendre désarmés pour les assassiner ; au contraire, il avait refusé de faire exécuter les ordres cruels de la cour ; et pour mieux soustraire les victimes à leurs ennemis, il leur avait offert l’asile de sa maison et de ses citadelles.
Le livre intitulé le Secret des finances de France, par Fromenteau, imprimé à la suite de ces mêmes états, et qui contient aussi ces détails, y ajoute que sous le règne de Charles IX, le clergé du diocèse de Coutances avait payé à l’état la somme de quatorze cent mille livres, pour décimes ordinaires et extraordinaires, et au pape, une somme égale, pour les annates ; tandis que pendant le règne de louis XI, tout en versant la même somme dans les coffres de la cour de Rome, il n’avait été taxé par le gouvernement qu’à trois mille livres, et n’avait payé que neuf mille livres de droits pour francs-fiefs et nouveaux acquêts. Sous Louis XI, son revenu été de soixante-douze mille livres : en 1580, il ne s’élevait
encore qu’à cent quatorze mille, toutes charges déduites. On comptait dans le diocèse trois-cent dix-neuf paroisses et cinquante-trois mille familles.
Les villes du diocèse avaient suivi dans les guerres de la Ligue des partis divers, mais elles avaient toutes éprouvé le même sort : c'est-à-dire des assauts, des prises, des pillages et des reprises.
Henri IV était venu lui-même appuyer son parti, et avait pris part à différentes affaires ; mais ce bon béarnais n’avait pu empêcher la ruine des villes et la dévastation des campagnes.
Enfin, à la suite de ce long enchainement de guerres et de désastres, la misère devint profonde ; et la profonde misère fit naitre une épidémie qui, en 1592, moissonna une notable partie des populations.
Non moins ami de Nicolas que son prédécesseur, Henri IV le confirma dans la jouissance des privilèges qu’il en avait obtenus, et même il y en ajouta de nouveaux : ainsi, par lettre du 15 mais 1590, il lui donna des bénéfices confisqués sur plusieurs chanoines de la Sainte-Chapelle, et lui fit remise des droits de joyeux avènement. Enfin, il l’envoya en possession des revenus de l’évêché en attendant l’expédition de ses bulles.
Le 7 septembre 1597, Nicolas II fut sacré à Paris, dans l’église St Germain-des-Près, par les évêques d’Amiens, de Digne et de Beauvais. Il prit possession de son siège au mois de décembre suivant. Dans son humilité, il voulut se soustraire à la réception solennelle et entra secrètement à Coutances ; la même humilité le porta à choisir pour l’intitulé de ses mandements la simple formule d’évêque par permission divine.
Avant de passer outre, nous remarquerons deux événements qui signalèrent son administration comme vicaire général : le premier fut l’abolition du Jeu de la Nativité, en 1592, à cause de la peste qui désolait la cité : cette peste ne fut que l’occasion de la suppression d’un abus dont la religion et la raison réclamaient depuis longtemps l’abolition. Il fonda son ordonnance sur ce considérant, qu’il n’était pas convenable que l’église, qui retentissait si souvent des lugubres chants de la mort, les interrompit, pour les remplacer par quelques jours de divertissements. Le second fut l’édification de la chapelle de la Roquelle, dont il posa la première pierre le 12 juin 1593. Cet édifice fut élevé par les soins et sous la direction de frère François HELYE, curé de Saint Pierre de Coutances.
La ville manifesta un grand enthousiasme pour cette construction, et aida avec ardeur à l’élever : le lieu était depuis longtemps cher à la piété des fidèles.
Devenu évêque, le pasteur vigilant fut perpétuellement occupé à parcourir son diocèse, pour corriger les abus, veiller aux mœurs et à la foi, combattre l’hérésie, donner le sacrement de confirmation, dont les grâces ne furent jamais plus nécessaires que dans ces temps de tentations.
François DESRUES, historien contemporain, nous apprend que le bon évêque conféra ce sacrement à plus de trois cent mille personnes.
Le 29 juin 1617, il posa la première pierre du couvent des Capucins de Coutances, fondé l’année précédente par les sieurs HELLOIN et AIREL, l’un, receveur des tailles ; et l’autre, archidiacre, sur un terrain donné par le chapitre. En 1619, il vit s’élever le couvent des bénédictins du mesnil-Garnier, fondé par Thomas MORAND, baron du lieu.
Dans sa sollicitude pour la pureté de la foi et la science de son clergé, cet évêque soumit les ordinants et les confesseurs à l’examen de quatre docteurs, nommés à cet effet. Il fit retoucher le bréviaire du diocèse et les livres d’église. Dans sa piété, il attacha quarante jours d’indulgence à la récitation des psaumes graduels.
Deux rois avaient comblé de biens Nicolas II de BRIROY ; mais sans pouvoir l’enrichir, car il écoulait tout dans le sein des pauvres. Sa grande charité fit l’admiration de ceux qui le connurent, et mit l’éloge dans la bouche de tous ceux qui parlèrent de lui. Après une longue vie et un long épiscopat, il ne laissa en mourant que dix-neuf sous, et la vente de tous son mobilier ne suffit pas aux frais de ses funérailles.
Il finit sa vie, pleine de jours et de bonnes œuvres, le 22 mars 1620, dans la 94ème année de son âge, dont 23 en qualité de premier pasteur.
Sa dépouille mortelle fut inhumée dans le chœur de la cathédrale. Adrien de BRIROY, son neveu et son archidiacre, lui fit ériger, l’année suivante, un monument de marbre blanc, avec une longue épitaphe.
A la nouvelle de la mort de Nicolas II de BRIROY, le Souverain Pontife prononça son éloge en plein consistoire, et célébra pour lui un service, avec la solennité réservée pour les rois et les princes de l’église.
Pendant son épiscopat, la fureur des guerres entre les catholiques et les protestants était amortie ; il n’y avait plus que le célèbre François FEUARDENT, Jean-Marie LECRIVAIN, RECOLET, d’une part ; et de l’autre, BASNAGE et Hubin de la BASTIE, ministres protestants, et quelques autres, qui la fissent, du bec effilé de leur plume, quelque peu impolie.
Nicolas II de BRIROY portait pour armes, de sinople au chevron d’or.
Source : Histoire des Evêques de Coutances par l’abbé LECANU