LECARPENTIER Jean Baptiste
Partisan des idées nouvelles, il devint chef de légion du district de Valognes, et fut élu le 7 septembre 1792, membre de la Convention par le département de la Manche, le 7e sur 13, avec 425 voix (647 votants).
Il prit place à la Montagne, fit décréter que la Convention jugerait Louis XVI, ajouta aux griefs reprochés au roi, et lors du jugement, opina ainsi au 2e appel nominal : « Je croirais servir les modérés, les endormeurs, les intrigants, les aristocrates, les royalistes ; je croirais manquer au devoir sacré de représentant du peuple ; enfin je trahirais les sentiments républicains qui m’animent, si j’hésitais un seul instant à prononcer non ».
Au 3e rappel : « Comme je n’écoute que la voix de l’impérissable justice, que le cri de ma conscience, je vote pour la mort de Louis CAPET ».
Il se signala par son ardeur à poursuivre les Girondins, dénonça BRISSOT, prit part aux événements des 31 mai, 1er et 2 juin, etc., et fut envoyé (août) en mission extraordinaire dans les départements de la Manche, d’Ille et Vilaine et des Côtes du Nord.
Il y prit des mesures rigoureuses contre les aristocrates, fit arrêter les prêtres et les sœurs de charité, suspendit les administrations, institua une commission militaire qui, dès le premier jour de son installation, envoya treize personnes à l’échafaud, et installa la Terreur à Avranches : « A quoi bon toutes ces lenteurs, disait-il ; où vous mènent ces éternels interrogatoires ? Qu’avez-vous besoin d’en savoir si long ? Le nom, la profession, la culbute, et voilà le procès terminé ».
Il dirigea lui-même la défense de Granville contre l’armée vendéenne, qui fut obligée de battre en retraite, et envoya à l’assemblée lettre sur lettre, pour rendre compte de ses opérations à « Port Malo », Coutances, Carentan et Mortain.
De retour à la Convention après le 9 thermidor, il n’abandonna pas le parti jacobin.
Dénoncé (4 floréal an III) par des habitants de Port-Malo, comme « l’émule de CARRIER et de Joseph LE BON », il demanda le renvoi de la dénonciation aux comités réunis, en disant qu’il prouverait la légalité de sa conduite.
Le 25 floréal, une députation de la commune de Coutances vint renouveler les accusations portées contre lui, il répondit qu’il était calomnié par l’aristocratie :
« Toutes mes opérations sont marquées au coin de la pureté (Bruit). J’ai été très indulgent (Bruit) et je ne serai pas embarrassé de me justifier (On rit) ».
Quelques jours après, il fut impliqué dans le mouvement insurrectionnel du 1er prairial.
Décrété d’arrestation le même jour et d’accusation deux jours plus tard, il fut conduit au château du Taureau et bénéficia de la loi d’amnistie du 4 brumaire an IV. Il se retira alors à Valognes, où il exerça durant l’Empire la profession d’agent d’affaires. Exilé à Jersey par la loi de 1816, il essaya de rentrer en France, mais la police l’arrêta : traduit en cour d’assises, il fut condamné à la déportation qu’il subit au Mont Saint Michel, où il mourut en 1829.
Source : Dictionnaire des Parlementaires français de 1789 à 1889 (BNF-Gallica)