Canville la Rocque

Canville – Camvilla, Canvilla.
L’église de Canville se compose du chœur, d’une nef et de deux chapelles qui lui donnent la forme d’une croix. Le chœur et la chapelle méridionale sont voutés en bois. La charpente de la nef est à nu. Les murs du chœur sont percés de fenêtres carrées. Le mur nord de la nef est complètement aveugle ; une seule fenêtre, longue, étroite et à ogive, l’éclaire au midi.
Au nord, en chœur et nef, est appliqué un clocher en bâtière, dont la base, formant chapelle, communique avec l’église par une arche d’un style ogival fort simple. Cette chapelle a une voûte en pierre, fortifiée par des arceaux croisés. Si on apprécie l’époque de sa construction par la place qu’occupent les contreforts, appliqués sur les angles des murs, elle peut dater de la fin du XVe siècle ou du commencement du XVIe.
Le mur occidental est percé d’une fenêtre longue, étroite et à ogive subtrilobée. Le portail est au midi de la nef.
On remarque à la voûte de la chapelle nord des espèces de fresques qui représentent les quatre évangélistes avec leurs attributs. Chaque personnage à la tête ceinte du nimbe symbolique. Quelques-uns des évangélistes tiennent à la main un philactère sur lequel est une inscription que la distance ne m’a pas permis de lire. Outre les quatre évangélistes, on distingue à cette voûte le soleil, la lune et un groupe de plusieurs personnages.
La bande seigneuriale existe encore sur les murs extérieurs de l’église.
L’église est sous le vocable de Saint Malo. Elle payait une décime de 56 livres, et dépendait de l’archidiaconé du Bauptois et du doyenné de Saint Sauveur le Vicomte. Dans les derniers temps, l’abbaye de Cerisy en avait le patronage ; mais il ne lui avait pas toujours appartenu ; car, lors de la rédaction du livre noir, Guillaume de TRACY le possédait : Ecclesie de Canvilla patronus Guileimus de Trachis. Alors le curé était seul décimeur, et sa cure lui valait 66 livres.
Dans le cours du XIVe siècle, et vers l’année 1335, maitre Guillaume de CANTELOUP était en possession du droit de patronage. Le curé continuait d’être seul décimateur ; il avait un manoir sur l’aumône ; il payait quatre sous pour la chape de l’évêque, et trois sous pour droit de visite.
Il y avait dans la paroisse une chapelle qui appartenait à maitre Guillaume de CANTELOUP ; Robert Le TORT avait les fruits de cette chapelle, c'est-à-dire 10 livres sur le moulin seigneurial, et 16 quartiers de froment sur les hommes du seigneur : super homines dicti domini : il était tenu de la desservir.

Faits Historiques

Le seigneur de Canville, en 1066, accompagna Guillaume à cette conquête de l’Angleterre qui fut la source de la puissance normande, et il prit une part honorable au succès de cette grande expédition. Aussi le nom de Canville est-il cité comme appartenant à l’ancienne chevalerie normande. Le seigneur de Canville obtint de nombreuses concessions en Angleterre, et sa famille y joua un grand rôle jusque vers le milieu du XIVe siècle.
La branche des CANVILLE, établie en Normandie, posséda de vastes domaines et de nombreuses seigneuries.
Richard de CANVILLE sista comme témoin à une charte que HENRI II, roi d’Angleterre, duc de Normandie et d’Aquitaine ; comte d’Anjou, donna à Valognes, apud Valonias, pour terminer une contestation entre l’abbaye de Troarn et Jean, comte de Ponthieu.
Ce même Richard, fils de Richard de Canville, épousa la veuve de Thomas de VERDUN, et commanda une partie de la flotte qui porta les croisés, quand Richard Cœur de Lion partit pour la Terre Sainte.
Il fut, avec beaucoup de nobles seigneurs de la suite de Richard, garant du traité de paix qui intervint entre ce prince et Tancrède que Richard reconnut pour roi de Sicile. Ce traité, qui devait être suivi du mariage d’Arthur, duc de Bretagne, neveu du prince normand, avec la fille de Tancrède, nous apprend, entre autres, que la dot était de 20 000 onces d’or, et que Richard s’obligeait à la rendre, si son neveu ne voulait pas épouser la princesse de Sicile, ou décédait avant le mariage, ou si le pape refusait des dispenses. Richard donna pour piège de sa promesse le pape Clément III et les cardinaux,
qui pourraient, par censures, contraindre les uns et les autres à la raison.
Ce Richard de CANVILLE et Guillaume de CANVILLE qui, lui aussi, était allé à la croisade, moururent en Orient, et ne furent pas assez heureux pour revoir leur patrie.
Dans les rôles de l’échiquier pour l’année 1195, un Richard de CANVILLE figure comme restant débiteur de 151 livres 5 sous 11 deniers, sur l’ancienne ferme de Cherbourg, Brix et Valognes : Ricardus de Canvilla 151 lib.5 sol.11 den. De remanente veleris firme de Cesarisburgo, et Bruis, et Valonie.
Ce même Richard doit 20 livres pour n’être pas venu aux séances de l’échiquier : Idem 20 lib. Quia non venit ad scaccarium.
On trouve encore, à la fin du XIIe siècle, Girard de CANVILLE possédant en Angleterre le comté de Lincoln, et figurant aussi sur la liste des possesseurs de fiefs militaires en Normandie.
Robert de CANVILLE est cité au nombre des chevaliers et barons du Cotentins qui comparurent à Tours, en l’année 1272.
Isabelle de CANVILLE, fille et unique héritière de Richard de CANVILLE, mort pendant la croisade, épousa, dans les derniers temps du XIIe siècle, Raoul d’HARCOURT qui venait de voir entrer dans sa famille la baronnie de St Sauveur le Vicomte.
La famille de CANVILLE possédait à Canville le château fort d’Olonde qui, lors de sa démolition, ordonnée par Philippe-Auguste, et avant la rédaction du registre des fiefs de Normandie pendant le règne du même prince, relevait de la Baronnie (de honore) du Plessis.
Après le règne de Philippe-Auguste, on trouve, comme possesseur du château d’Olonde, Thomas NEEL, fils de Jean, chevalier, filius Johannis militis, et seigneur du château d’Olonde : il confirme, en 1257, à l’abbaye de St Sauveur le Vicomte les donations que lui avaient faites ses prédécesseurs, et qui comprenaient des démembrements de sa seigneurie.
Il parait que cette seigneurie d’Olonde avait passé dans la famille PAISNEL ; car, vers le milieu du XIVe siècle, Jeanne BERTRAND, baronne de Bricquebec, épouse Guillaume PAISNEL, baron de Hambye et seigneur d’Olonde. Une dame d’Olonde épousa, en 1450, Philippe d’HARCOURT.
Dans le cours du XVe siècle, Elisabeth BOUCHARD d’AUBETERRE, dame d’Olonde, fille de Louis BOUCHARD, dit le Chevalier sans reproche, et de Marguerite de MAREUIL, épousa Jacques d’HARCOURT qui mourut en 1550. Un de leurs enfants, Charles d’HARCOURT, baron d’Olonde, seigneur d’Auvrecher, épousa, le 5 juillet 1550, Michelle de LONGUEVAL. Pierre d’HARCOURT, leur fils, baron d’Olonde, se maria, du vivant de son père, en 1577, à Catherine de MAINBEVILLE, dont il eut Pierre II d’HARCOURT, baron d’Olonde.
Pierre II d‘HARCOURT épousa, en 1614, Marie de BRIROY, dame de Fierville, fille de Nicolas, seigneur de Fierville, baron de Néhou, et de Diane de THIEUVILLE. Jacques d’HARCOURT, leur fils, baron d’Olonde et de Néhou, épousa, en 1648, Françoise de SAINT-OUEN, dame de Parfouru, dont il eut Jacques d’HARCOURT, baron d’Olonde.
Ce fut Charles, Louis, Hector, marquis d’HARCOURT et d’Olonde, maréchal de camps et armées du roi, commandant dans la province de Normandie, qui comparut dans la grande assemblée des trois ordres du baillage de Cotentin, qui se tint à Coutances, pour la nomination des députés aux Etats généraux.
Les domaines de Canville et d’Olonde appartiennent encore aujourd’hui à la famille d’Harcourt.

Château d’Olonde

Le château actuel d’Olonde date du XVIe siècle. Ses fenêtres à croisées de pierre, ou simplement divisées par une traverse en pierre, ses tourelles en encorbellement avec leurs petits toits coniques, annoncent évidemment cette époque. Plusieurs fenêtres, ainsi que des ouvertures pratiquées dans les murs des tourelles, sont défendues par des grilles en fer. Les grands toits sont à pentes rapides.
Les travaux de défense qu’on reconnait encore sont bien antérieurs au XVIe siècle. L’épaisseur des murs varie ; elle est d’un mètre pour les uns, de 2 mètres 50 centimètres pour les autres. L’intérieur de ces murs ne présente qu’un massif de pierres jetées pêle-mêle dans un bain de mortier, comme on a construit à toutes les époques le centre des murailles militaires.
On remarque des pans de murs démolis, jetés ça et là dans des fossés, encore profonds, qui concentraient ou retenaient les eaux captives, et formaient ainsi cette sentinelle obligée des châteaux féodaux et des demeures baronniales.
On voit aussi sur le terre-plein de l’enceinte des ruines de murailles, de tours ou de tourelles qui fournissaient aux assiégés des points d’appui et de résistance. A l’entrée de la cour, vers le levant, il existe des restes de tours qui étaient destinées à défendre l’accès du château qu’on peut croire avoir été entouré d’une double enceinte, l’une en terre, l’autre murée.
Les constructions qui ont survécu ont été converties en bâtiments d’exploitation.
L’aspect de toutes ces ruines est sévère, et les restes du donjon et des tours féodales rappellent, à la pensée des visiteurs, ces jours de guerres civiles qui forçaient nos pères à se maintenir dans un état permanent de défense contre leurs puissants voisins ou leurs ennemis.

Source : Annuaire du Département de la Manche – 1859

Lieux et Monuments :

  • Manoir d’Olonde 17e remanié 18e
  • Ancien moulin à vent
  • L’Hommée 17e
  • Eglise 15e, 17e, 18e, fresques fin 15e (les 4 évangélistes)

Nobles :

  • MAHIEU

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